De la médecine médiévale en Occident

Émergence, évolution et transformation

Les remèdes et soins au Moyen Âge sont les héritiers des connaissances de l’antiquité, des recherches des moines et du savoir d’Orient. Ils sont dus aux travaux des apothicaires, des médecins, des chirurgiens et aux études des érudits dans les universités. La médecine médiévale tire ses sources de traditions empiriques locales et de traductions latines des traités médicaux gréco-romains, orientaux et islamiques. Elle est structurée par les dogmes chrétiens et confrontée à la médecine de Galien. La médecine en occident médiéval s’étend sur près de mille ans, du Ve au XVe siècle, progressant dans le sens de la trame chronologique suivante :

Le haut Moyen-Âge, du Ve – IXe

Durant cette période, la thérapeutique s’appuie sur le culte des saints. Le peuple se transmet oralement les recette de remèdes, mélange de bon sens et de magie. La médecine s’étudie dans les monastères où les moines traduisent des textes de l’Antiquité. C’est la « médecine des moines » ou « conventuelle ». En Occident, dès le IV siècle, des textes médicaux grecs sont traduits en latin ; les textes d’Hippocrate, et des traités thérapeutiques de Galien, considéré aujourd’hui comme le père de la pharmacie, sont les principales sources de l’époque.

Hippocrate est issu d’une famille de médecin. Fondateur de la médecine clinique, il visite les malades à domicile. Ses remèdes sont composés de plantes, il prône un régime alimentaire approprié aux quatre tempéraments de l’homme, selon sa théorie des humeurs. Galien s’illustre en tant que médecin de gladiateur ce qui lui permet de pratiquer de soins chirurgicaux. Aussi considéré comme le père de la pharmacie, il a passé sa vie à rédiger un ouvrage sur la pharmacologie. La chrétienté affecte le rapport antique entre la médecine issue des textes grec et les pratiques populaires de soins, associant temples guérisseurs païens, herbes et remèdes, à laquelle elle oppose d’autres lieux, tels que les monastères et d’autres cultes, comme le culte des saints. Le remplacement des dieux et cultes de guérison païens s’est effectué graduellement, marqué par des guérisons miraculeuses afin d’asseoir la supériorité de la foi chrétienne. Les premiers médecins sont des clercs ou des moines, ils apprennent la médecine grâce aux textes de l’Antiquité et appliquent cet art médical auprès des malades. Au Ve siècle, Benoît de Nursie, mieux connu sous le nom de saint Benoît, considère que la médecine est avant tout une œuvre de charité et de miséricorde. Les monastères doivent être un lieu d’accueil. Sous le règne de Charlemagne, le Capitulaire de Villis donne la liste des plantes que le roi souhaite voir cultiver dans les monastères du royaume ; les érudits de l’époque s’intéressent à la botanique et à la médecine qu’ils estiment apparentées. L’évêque Isodor de Séville sera le premier auteur du Moyen Âge à rédiger un recueille de connaissance de l’époque, appelé « Etymologie »

Le Moyen-Âge central XIe-XIIIe

Le savoir médical est enrichi et renouvelé par les contacts avec l’Islam, à travers l’essor des premières universités, c’est la médecine dite « scholastique ». L’influence du savoir arabes sur l’Occident médiéval s’avère décisif, ils transmettent de nombreuses sources grecques et d’origines variées. Cette transmission s’est faite principalement en deux vagues successives de traductions (Italie au XI siècle, Espagne au XII siècle). A cette période l’Orient est pris d’un grand désir d’expansion et après la conquête du proche Orient et de l’Egypte, l’Islam s’empare d’un territoire en Espagne nommé Al Andalus. Ce territoire deviendra avec Cordoue l’un des principaux centre intellectuel où plusieurs médecins arabes tel que Rhazès et Albucasis, sortent du lot. Rhazès est considéré comme le plus grand médecin arabe, il aura rédigé de nombreux livres sur les soins à apporter aux enfants et il est un des premiers à s’intéresser à la pédiatrie. Albucasis est connu pour son œuvre chirurgicale en trente volumes. Au Xe siècle, à Salerne, on assiste à la création d’une multitude d’écoles de médecine indépendantes. Toutes ces écoles furent réunies sous le vocable « Ecole de Salerne » en 1134 par Roger II et la ville s’impose alors comme le premier centre d’études médicales. Cependant, l’ouvrage qui fera le renom de l’Ecole est le « Regimen sanitatis salernitanum.» La période salernitaine est également marquée par l’apparition d’Antidotaire, recueil pratique de remèdes complexes

Le Moyen-Âge tardif XIIIe-XVe

Marqué par le déclin des écoles au profit des universités mais aussi par des nombreuses avancées technologiques, les progrès de l’agriculture tels que l’utilisation des moulins hydrauliques et l’agrandissement des surfaces agricoles (défrichement au XIIe) font exploser la démographie. Dès la fin du XIIe siècle nouveaux paradigmes se mettent en place : la population se soucie désormais de son alimentation et de son hygiène ; la médecine issue de la Renaissance naît. Un nouveau genre d’ouvrage apparait : les régimes de santé. Ces ouvrages existent déjà dans la tradition islamique, et l’Occident en prend connaissance grâce aux traductions réalisées en Italie. Les plus connues sont celles du « Tacuinum sanitatis » et du « theatrum sanitatis ».

D’autre part, l’engouement pour les herbiers ne s’étiole pas : Johannes de Cuba, Physicien de la ville de Francfort produisit un herbier magistral, où chaque substance est accompagnée d’une illustration de manufacture naturaliste qui leurs permet d’être reconnues facilement dans la nature. Outre la description des matières, on trouve dans cet ouvrage des chapitres consacrés à leur utilisation concrètes, sous forme de concoction, de remède. Dans les derniers siècles du Moyen-Âge tardif, un phénomène nouveau et d’une importance considérable va marquer les siècles à venir : la création d’universités et leurs rayonnements. Elles s’inspirent de l’Ecole de Salerne et de Bologne, dont le déclin pousse les étudiants à aller vers d’autres pôles.

Le savoir médical se diffuse et les universités se multiplient, elles passent de la tutelle du pape à celle de l’état et deviennent un service public, ainsi Montpellier et Paris s’imposent. Les professions médicales se différencient et s’organisent en plusieurs branches, c’est les prémices de la médecine telle qu’on la connaît. Dès le XIII siècle, l’Université de Montpellier délivre plusieurs diplômes de médecines, qui attireront des hommes de talent qui feront la gloire de cette Université. Bernard de Gordon dirige cette université de 1283 à 1308, faisant figure d’autorité dans le domaine de la médecine, il s’illustre également dans le domaine de la chirurgie. L’Université de Paris est la résultante de l’addition de plusieurs écoles, entre 1200 et 1215. Cette union est encouragée par le pape Grégoire IX ; de grands noms comme Gilles de Corbeil ou Henri de Mondeville, y enseignent. La chirurgie a longtemps été considérée comme une discipline inférieure à la médecine, vue comme un art mécanique.

En 1130, le concile de Clermont interdit aux membres du clergé des ordres majeurs de pratiquer les opérations chirurgicales. Cette interdiction est renouvelée en 1215, et les moines ne devront plus verser de sang ni disséquer le corps humain. Néanmoins, des personnalités marquantes œuvres pour la reconnaissance de la chirurgie : Henri de Mondeville et cinquante ans plus tard Gui de Chauliac.

Considérer le Moyen-Âge comme une parenthèse obscure entre l’Antiquité, riches de connaissances et le XVI siècle, qui correspond aux grandes découvertes dans tous les domaines est une erreur. La diététique et l’hygiène était au centre des préoccupation déjà à l’époque et les méthodes chirurgicales n’était pas si éloignées des nôtres.

Représentation d’outils chirurgicaux aux moyen âge

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