La Guerre ! La Guerre ne change jamais, disent les uns. Sauron est à nos porte, disent les autres ! Et oui car ma chronique va s’intéresser aux conséquences plus larges de ce qui se passe, en Ukraine.
Saint Thomas d’Aquin expose trois exigence pour une guerre juste. Tout d’abord qu’icelle ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime ; ensuite, que la cause de celle-ci soit juste ; et enfin, que l’intention de cette état ne doit pas être entachée de causes cachées mais uniquement dans le but de faire triompher le bien commun.
Revenons, maintenant à notre affaire. Petite chronologie, pour rappel. Novembre 2013, Viktor Ianoukovitch, alors président, pro-russe, suspend les pourparlers concernant des accords de commerce et d’association avec l’Union Européenne, préférant un accord plus favorable de Moscou. Suite à cela, des manifestations, fortement teintée de manipulations occidentales, ont lieu à Kiev. Ce sera l’Euromaïdan. 21 Février 2014, dans une volonté d’apaisement, des élections anticipées sont prévues par le pouvoir, suite à des accords signés avec l’opposition et sous observation de l’UE. Le jour suivant, Ianoukovitch fuit le pays dénonçant un coup d’État. Fin février, des forces pro-russes prennent les centres gouvernementaux en Crimée, aidées par la Russie. Dans la foulée, un référendum, contesté par l’Ouest, est organisé en vue du rattachement à la fédération de Russie. Avril 2014, des séparatistes russophones, dans la région du Donbass, excédés des lois de Kiev contraignant leur culture et leur langue se soulèvent et se déclarent indépendants. Des sanctions sont votés contre la Russie par les nations de l’arc atlantique. Fin du Printemps 2014, Poroshenko est élu président. L’administration Obama lui apporte son soutien et Joe Biden alors vice-président est mandaté pour être le représentant des Etats-Unis en Ukraine. Septembre 2014, les Accords de Minsk sont signés entre l’Ukraine et la Russie, avec en co-signataire Paris et Berlin. Ces accords prévoyaient un cessez-le-feu en échange de la reconnaissance des demandes des régions russophones de respect de leurs spécificités. Il est à noté que Kiev n’a pas respecté sa part du marché et que Paris et Berlin n’ont rien fait pour imposer quoique ce soit à Kiev. Seconde parenthèse, il nous faut préciser, à ce stade, que le pouvoir kiévien très nationaliste voire national-socialiste (le nationalisme ukrainien étant par essence bandériste ; Stepan Bandera étant un nationaliste ukrainien collaborateur avec les nazis). En juillet 2017, un accord d’association est signé entre le Berlaymont, siège de la commission européenne, et Kiev. Cet accord, entré en vigueur en septembre de cette même année, prévoyait un approfondissment du commerce entre l’UE et l’Ukraine. Décembre 2017, l’administration Trump envoi pour 41,5 millions de dollars d’équipement militaire létal à Kiev. Mai 2018, le pont de Kerch, entre la Crimée et la Russie continentale, est inauguré. Janvier 2019, avec la bénédiction du Patriarcat œcuménique de Constantinople, Kiev se dote d’un patriarcat après 400 ans de lien avec le patriarcat de Moscou. Avril/Juin 2019, Volodymyr Zelenski,est élu président. Il est important de noter que, lors de sa campagne, Zelenski avait pour programme de lutter contre la corruption et de promouvooir la paix avec Moscou, entre autres choses. Février 2022, suite à l’imminence d’une offensive kiévienne, Moscou reconnaît l’indépendance des république de Donetsk et de Louhansk. 24 février, à la surprise générale, Moscou lance une opération militaire spéciale dans le Donbass, trois objectifs sont fixés : la protection des républiques séparatistes, la démilitarisation de l’Ukraine et la dénazification du pays. Suite, a cette action, l’Ouest promulgue de dures sanctions économiques contre Moscou. Des pourpalers de paix sinon d’armistices sont organisés, notamment à Ankara ; Erdogan servant de médiateur entre les belligérants. Par deux fois, Londres, en la personne du Premier Ministre Boris Johnson, sabote ces processus en intimant Kiev de continuer la guerre sous peine de ne plus recevoir d’aides matérielles et financières. Dans les évènements récents, notons, le sabotage du Pont de Kerch, le rattachement de provinces libérées à la Fédération de Russie, la mobilisation partielle de la part de Moscou.
Prenons un peu de recul, il nous faut noter que le Donbass, en plus d’être une région russophone qui s’est retrouvé ukrainienne après la chute de l’URSS, est le coeur industriel de l’Ukraine. Qui plus est, la majeure partie des ressource en gaz, charbon et autres matières premières s’y trouvent en abondance. Rajoutons y, que l’Ukraine et la Russie sont des producteurs majeurs de céréales et surtout d’engrais. Si des ruptures de ravitaillement, ont cours en Europe de l’Ouest, le vrai problème se révélera, en terme de rendements. A partir de ce moment, la rupture de normalité atteindra un pallier supplémentaire.
Secondement, Washington avait assuré Moscou du temps de Gorbatchev que l’OTAN ne s ‘élargirait pas à l’est. Le danger étant une intégration de l’Ukraine dans l’arc atlantique et que ce faisant, représenterait un péril pour l’intégrité et la souveraineté de la Russie. Dans cette tragédie, deux doctrine s’affronte : la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes et la sauvegarde de l’intégrité territoriale.
Au regard des évènements que nous vivons, il nous faut comprendre que le pouvoir démocrate à Washington suit la doctrine géopolitique des néo-conservateurs. Nombre de ces gens proviennent d’Europe de l’Est, premièrement.
Ensuite, que toutes les guerres dans lesquelles les américains se sont mêlés, directement ou par procuration, furent déclenchées sous administration démocrate.
Des voix éminentes s’élèvent contre l’aveuglement du « Marais » washingtonien, particulièrement en la personne du Colonel Douglas McGregor, un officier de cavalerie à la retraite, ayant fait le parallèle avec d’autres conflits US et étant plutôt partisan d’un renversement de l’Atlantique au Pacifique, comprend bien le fossé qui sépare l’Ukraine de la Russie en termes militaires et déplore l’obstination de DC et de Kiev, considérant que la paix n’en sera que plus défavorable à l’Ukraine et que, surtout, un tel aveuglement est dangereux en terme d’escalade.
Lors d’un de ses discours récents, Poutine fustigea l’implication occidentale, considérant nos sociétés comme décadentes et nos « élites » comme sataniques. Pouvons nous lui donner tord ? Il semble que non. Rajoutons que derrière la Russie, la Chine et l’Inde n’accepteront pas de bonnes grâces la déstabilisation de la Russie. La Chine voulant, elle-même, récupérer Taïwan, grand producteur de puces électroniques et de semi-conducteurs.
La situation actuelle n’est pas sans faire écho avec la veille de la Grande Guerre, qui vit tant de Fils de France tombés au champ d’honneur. En effet, l’une des raisons de l’emballement qui déclencha les hostilités en 14 fut les alliances de part et d’autre. Le risque d’une escalde, bien réelle, est à envisagé. Cependant, des leurs d’espoir pointent au loin, les élections de mi-mandats, aux US, semblent favorisés grandement le parti républicain. La victoire du parti des Démocrates Suédois à Stockholm et de la coalition de Fratelli d’Italia en Italie est prometteuse mais pas suffisante. Le détachement de Riyad et d’Ankara de la tutelle américaine affaiblit la position du centre impérial pour le mieux.
Ne nous y trompons pas, la Russie est une puissance européenne, et que, pour paraphraser le Général de Gaulle : l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, retrouverait les instruments de la puissance qui lui fait défaut. Avec les ressources minières et énergétiques d’un côté, et la puissance industrielle de l’autre. Mais un tel partenariat n’est pas au goût de Washington, dont les agissements nous sont maintenant bien connus quant à la construction européenne.
Une France souveraine et non aligné, aurait pu faire éviter cette catastrophe. Qui plus est la Russie était, jusqu’aux évènements récents, un vieil allié. L’aveuglement idéologique de dirigeants illégitimes pourraient nous envoyer vers des territoires inconnus et périlleux..Il semblerait que des pourparlers sont en cours entre Washington, Moscou et les grandes capitales du Vieux Continent en faveur d’un cessez-le-feu et d’une sortie du conflit. Il est certain que l’annonce, par Moscou mais aussi par Kiev, qu’une bombe sale s’apprêterait à être détonnée quelque part sur le front n’y est pas pour rien. Notons aussi, une lassitude de plus en plus palpable parmi la population américaine, laquelle subit aussi une inflation ; qui semble de plus en plus polarisée sur des sujets de civilisation ; lassitude qui fut, étonnamment, exprimée par un cocus d’élus démocrates le 24 octobre, avant une rétractation en bonne et due forme le lendemain. Notons encore, que les Etats-Unis sont en pleine période électorale de mi-mandat et que le parti démocrate est très affaibli. Gageons que ces derniers, ainsi que les crises sociales, et les crises politiques qui sont déjà, soit en cours, soit larvées, en Europe de l’Ouest, permettrons une désescalade du conflit voire une armistice si ce n’est une paix.
Auteur : castellan