A la lumière des faits d’actualité sordides qui se succèdent inexorablement et qui s’accompagnent presque toujours d’une impunité spectaculaire, il sera bientôt difficile de ne pas se demander si la notion de justice n’a pas définitivement déserté la terre de nos aïeux.
Si nos actuels dirigeants eux-mêmes commencent à déplorer le développement d’un “droit à l’inexécution des peines” c’est qu’effectivement il convient de commencer à s’inquiéter. Cet élément est pourtant nécessaire, aux yeux de Saint Augustin, au bien commun vers lequel devrait tendre toute société. A cet égard, la Justice a pour fin de générer confiance et paix au sein d’un peuple en satisfaisant les victimes ou leurs proches (satis facere : faire suffisamment, et par “suffisamment” on n’entendra pas toujours quelques éventuelles années de prison).
Devant l’inopérance flagrante de notre justice républicaine, il nous incombe pourtant, en tant que royalistes comme en tant que chrétiens, de ne pas désespérer et de croire malgré tout au triomphe, tôt ou tard, d’une véritable Justice. Cette Justice n’a jamais disparu, mais elle n’existe quasiment plus qu’à l’échelle humaine, et non plus sociétale.
Parce qu’aimer, c’est pardonner, l’amour du prochain conduit au pardon des offenses, et ce quand bien même ledit prochain aurait dû être expulsé du territoire depuis belle lurette. Or, ce pardon va de pair avec une grande patience et une véritable foi en la Justice.
Croire en la Justice, c’est premièrement croire en l’objectivité du bien et du mal. C’est donc croire qu’aucune de nos actions n’est neutre et que la moindre d’entre elles contribue à augmenter ou diminuer notre mérite. C’est aussi réaliser que le mal s’accomplit sans peine alors que le bien nécessite toujours un certain effort. Ainsi, s’examiner à l’aune de la justice amène à une plus grande indulgence à l’égard du prochain.
Croire en la Justice, c’est également croire en la juste récompense des bons et le juste châtiment des mauvais. La justice de ce monde étant imparfaite, croire en la justice parfaite, c’est comprendre que celle-ci surpasse les limites de la vie. C’est donc croire en l’éternité puisque la justice parfaite, si elle est réellement parfaite, ne saurait sanctionner la vie par autre chose qu’une béatitude ou une damnation éternelles.
Croire en la Justice, c’est enfin croire en l’existence du Juge suprême, qui, seul capable de sonder les cœurs, est le seul à même de juger réellement quiconque. Parce qu’Il nous a créés et qu’Il se montre infiniment miséricordieux, Il est le seul légitime à user d’une justice parfaite et éternelle. Au fond, croire en la Justice, c’est peut-être ce qui arrive quand on croit en Dieu.
Dymitar